Perelman : bonjour et bienvenue sur France 24 et sur Radio France Internationale nous sommes à Kinshasa au Palais de la Nation et notre invité est le président de la République Félix tshisekedi bonjour.
monsieur le Président bonjour
Félix Tshisekedi : monsieur Perelman
Perelman : et avec moi pour cet entretien Christophe boibouvier de RFI.
Boisbouvier : monsieur le Président bonjour
Félix Tshisekedi : bonjour monsieur boibouvier
Perelman : monsieur le Président, les élections sont bientôt, elles sont prévues le 20 décembre on a entendu beaucoup de rumeurs sur un possible glissement est-ce que ce scrutin se tiendra bien le 20 décembre en temps et en heure ça c’est la première question et deuxièmement est-ce que le financement est là on a entendu le président de la commission électorale dire qu’il manquait 3 millions de dollars
Félix Tshisekedi: oui bon je crois que c’est plutôt à lui qu’il faut poser la question mais à ce stade, nous le gouvernement nous nous n’avons encore
reçu aucune indication selon laquelle il n’y aurait pas de d’élection donc tout porte à croire que ça va se passer le 20 et j’en veux pour preuve encore sa dernière déclaration lorsque tous les candidats ont répondu à l’invitation de de la Ceni pour signer le le code de bonne conduite et avoir des faire les derniers réglages on va dire pour ces élections donc jusque- là il y a pas de de problème.
maintenant ce qui reste à faire évidemment les 300 millions il faut pas penser qu’ils viendront du coup donc c’est c’est étalé jusque à la période électorale et en ce moment ce que je sais c’est que le gouvernement est attelé à des discussions en tout cas avec la la Ceni pour trouver les voix et moyens d’y parvenir mais il y a pas d’inquiétude de ce côté-là nous trouvons la solution
B: alors la campagne pour ces élections présidentielles et législatives ben elle débute ce dimanche matin oui euh et on sait qu’il y a de nombreuses interrogations monsieur le Président sur la fiabilité du fichier électoral euh l’opposition dit qu’il pourrait y avoir plusieurs millions d’électeurs fictifs est-ce que le le scrutin pourra se dérouler sereinement on sait notamment que il n’y a pas eu d’audit indépendant de ce fichier
Félix Tshisekedi : dans quel but inventeronton euh des
inventerait-on des des électeurs fictifs dans quel but je comprends pas très très bien quelle est la revendication de l’opposition pour moi c’est un débat d’opposants de gens qui ne sont sûrement pas prêts à aller aux élections parce que à plusieurs reprises ils ont demandé le report de ces élections ils ont demandé un dialogue alors qu’il y a pas de crise politique que je sache dans
dans le pays et je ne comprends pas très bien quelle est la revendication dans ce sens de de l’opposition et en plus la Ceni a fait a organisé un audit du fichier avec des personnalités venu de tout de tout bord des personnalités crédibles dont la réputation n’est pas à remettre mettre en cause la probité n’est pas à remettre en cause
B: il y a la question des électeurs de l’Est et notamment du Nord-Kivu le 20 octobre en conseil des ministres, vous avez appelé le le gouvernement et la Ceni à tout mettre en œuvre pour que tous les Congolais puissent voter comp tenu de la ce que vous avez appelé la libération progressive des territoires de Masisi et de Rutsuru au Nord-Kivu mais depuis les rebelles du M23 ont repris du terrain est-ce que cela veut dire bah que le vote ne pourra pas se tenir dans ces deux territoires
Félix Tshisekedi : malheureusement malheureusement pour Rutsuru et pour le Masisi je ne crois pas que ça pourra se faire euh mais qu’à cela ne tienne nous allons continuer nos efforts pour libérer ces localités ramener noscompatriotes dans leur localités d’origine et imposer cette paix mais en même temps il y a le le processus électoral qu’il faut continuer et amener à en terme
Perelman : 26 candidats pour la présidentielle sur la ligne de départ on verra combien seront à l’arrivée alors c’est une élection un tour donc est-ce que la dispersion des candidatures de l’opposition fait de vous le favori logique de ce scrutin?
Félix Tshisekedi : bon je reste serein modeste moi c’est ce qui se passe à l’opposition c n’est pas mon
problème euh nous vivons dans un pays où il y a une vitalité démocratique certaine et tant mieux j’allais dire pour pour la démocratie ceux qu’ils font dans l’opposition c’est leur problème
P: mais vous vous sentez favoris ?
Félix Tshisekedi : bien sûr je sinon je je n’aurais pas demandé à à rempiler je crois que j’ai fait du bon travail euh c’est vrai que beaucoup de choses restent encore à faire mais le Congo revient de loin ça il faut le reconnaître tous ceux qui viennent aujourd’hui euh après 5 ans de ma présidence presque 5 ans me le disent très clairement euh les choses ont vraiment évolué dans mon sens et même les paramètres en international le le prouvent je fais ici allusion au par exemple aux Agen de notification qui qui nous ont maintenant attribué la note de triple B par exemple donc c’est pour vous dire que les choses évolue dans le bon sens elle ne demande qu’à qu’à être consolidé
P: vous défendez votre bilan devant nous vous l’avez fait devant le Parlement mais certains de vos opposants évidemment ne sont pas d’accord Moïse Katumbi c’est c’est le rôle de l’opposition oui mais peut-être que les critiques peuvent être fondés par exemple Moïse Katumbi parle de coupure d’électricité incessante Martin fayulu, Denis mukwegé dénonce la corruption des élites du pays est-ce que c’est de la pure opposition ou est-ce que malgré tout
Félix Tshisekedi : oui il y a des coupures d’électricité oui il y a de la corruption mais les les coupures d’électricité c’est pas nouveau ce que nous n nous faisons c’est d’essayer de juguler justement ces ces coupures intempestives et nous le faisons en renforçant les capacités de du barrage d’inga et de Zongo 2 je viens d’ailleurs d’inaugurer une centrale électrique là maintenant qui va euh desservir euh une une dizaine de de de de communes dans Kinshasa et ça fait des millions de consommateurs qui vont pouvoir être de clients qui vont pouvoir être accordés maintenant au réseau électrique donc nous nous essayons de de jugiler cela lorsque moi je suis arrivé à la tête de ce pays les il y a avait que 9 % de de de de ménages on va dire de la population dans la population qui avait accès à l’électricité aujourd’hui nous tournons autour de 20 % et le l’objectif
c’est d’aller encore beaucoup plus loin donc eux ils peuvent parler d’accord
Moïse Katumbi bon il a été gouverneur de de la province du Katanga à l’époque elle n’était pas encore divisée en quatre morceaux mais qu’est-ce qu’il en a fait euh je je parlais d’ailleurs récemment de de de l’aéroport international qui est en train d’être construit qui est qui est déjà d’ailleurs terminé à coloisi il a été gouverneur pendant 9 ans il n’a même pas pensé à construire un aéroport international dans la capitale mondiale du cobalt aujourd’hui des gens des investisseurs pourront venir de partout sans devoir passer par Lubumbashi et chercher des des petits cercueils volant pour arriver à à à Kolwezi ils vont venir directement avec leur jet privé ou leur euh avion euh régulier directement sur kolwezi j’ai des tas de de d’exemples comme ça qui peuvent démontrer que je n’ai aucune leçon à à recevoir de de Moïse Katumbi
P: alors il y a une affaire qui défre la chronique c’est celle du correspondant de Jeune Afrique, Stanis bujakera il est détenu depuis 2 mois en prison il est accusé de diffusion de fausses informations il risque 10 ans de prison alors il est accusé d’être à l’origine d’un rapport interne de l’ANR donc donc
les les services secrets mettant en cause les renseignements militaires dans le meurtre au mois de juillet de Chérubin okende qui est un proche de Moïse Katumbi le journaliste l’association reporter sans frontières ni toute manipulation monsieur le Président pourquoi tant d’acharnement contre un simple journaliste
Félix Tshisekedi : je ne suis ni à l’origine ni euh en train de de faire que euh ni à l’origine de son arrestation j’allais dire ni en train de de de de de de de tirer les ficelles pour que euh on enfonce Stani bujakera je ne peux pas intervenir je n’interviendrai que peut-être plus tard s’il est condamné ou quoi pour une amnistie grâce ou que sais-je si euh mais à ce stade je n’ai rien à dire je suis le premier à être peiné par ce qui lui arrive mais j’ai en même temps aussi besoin de savoir qu’est-ce qui s’est passé parce que je sais qu’en ce qui concerne chérubin le malheureux chérubin OKendé ni mon régime ni un de mes proches qui qu’il soit n est de près ni de loin lié je n’avais aucun intérêt à donner la mort à ce à ce compatriote. parce que d’abord remarquez il était le porte-parole d’ensemble mais il n jamais pris la parole il ne gênait en rien le régime et quand bien même il y en a qui gênent plus que ça qui qui profèrent des injures des menaces qu’est-ce qui leur arrive et pourquoi on s’en prendrait à à chérubain le le le pauvre pourquoi pour pourquoi le chercheraiis-je à à lui ôter la vie ça ça n’a pas de sens donc pour moi c’était aussi euh une curiosité je je voulais aussi savoir mais qu’est-ce que c’est pourquoi est-ce qu’on a voulu faussement attribuer au service de renseignement le la responsabilité de la mort de de chérubin donc ça ve dire ce journaliste est responsable ça veut dire non non le journaliste on peut l’avoir manipulé en lui faisant croire que c’est une information de première main et euh ensuite on on désoriente en fait les les enquêteur c’est peut-être ça le c’était peut-être ça le but
Perelman : alors il y a un mois le secrétaire général des Nations unies Antonio gouterez son envoyé spécial dans la région ont parlé devant le Conseil de sécurité de des Nations Unies et ils disent craindre une guerre directe entre le Rwanda et la RDC.
Félix Tshisekedi : oui mais à cause de qui les craintes sont là d’accord.
P: direct ?
Felix Tshisekedi : à qui la faute ? donc nous nous sommes nous sommes les victime, est moi je n’exclus aucun scénario s donc donc nous nous sommes nous sommes les victimes
on n’ pas regardé dans dans dans notre
direction il faut regarder dans la la direction de ceux qui sont coupables de cette agression de cette situation et nous nous disons après avoir appelé plusieurs fois euh la communauté internationale à à intervenir par des sanctions contre le Rwanda si celle-là tarde à venir nous allons euh nous protéger nous-mêmes nous allonsutiliser nos propres moyens pour nous défendre défendre nos populations y compris les armes à votre avis comment est-ce qu’on pourrait faire faire autrement que par les armes
Perelman : combien de soldats rwandais d’après vos informations sont sur le sol congolais milliers
Félix Tshisekedi : des milliers ouais ils sont là par milliers
Perelman : par milliers ?
Félix Tshisekedi : oui
Perelman : est-ce que Paul Kagamé pour vous est le véritable chef du M23 ?
Félix Tshisekedi : bien sûr d’abord c’est c’est le M23 c’est c’est une coquille vide c’est ce sont les RDF qui se battent mais nous en avons les preuves parce qu’aujourd’hui avec les armes que nous avons nous les les la technologie que nous avons nous les voyons nous avons des images je je ne parle pas en je parle sur base de faits avérés les images sont là et de leurs cadavres et et et et même lorsque ils sont ils sont ils s’amoncellent pour porter leurs attaques nous avons tout c’est c’est et et pas que nous l’ONU les nations- Unies ils ont ont aussi les mêmes images n’oubliez pas que la mission de la Monusco est encore à l’est du pays à Goma
Boisbouvier : début octobre des milices patriotiques congolaises les fameux Wazalendo soutenus par votre armée ont reconquis une partie du Masisi notamment autour de kitchanga mais depuis le M23 a repris le terrain perdu il menace à nouveau les localités les villes de Saké et bien sûr de Goma c’est donc un échec ?
Félix Tshisekedi : ils prendront pas Goma, retenez-le prendront pas Goma.
Perelman : pourquoi?
Félix Tshisekedi : et mais parce que euh il y aura euh une réplique de notre part il ne reprend pas
Boisbouvier : et là quand même il y a eu un échec non oui mais des wazalendo c’est normal
B : qui sont les wasalendo ?
Félix Tshisekedi : ce sont des patriotes des civils au départ des gens qui ont décidé de défendre corps et âme les intérêts de leur communauté parce que en son temps il n’avaient pas confiance en l’armée il pensaiit pas que l’armée était capable de les protéger donc ils ont pris leur courage à deux mains et euh se sont engagés dans ce combat c’est même héroïque là où les frdc peuvent les soutenir s’ils sont dans leur giron l’ordre est donné pour que cellees-ci les soutiennent mais je m’en cage pas parce que ce n’est pas un crime qu’ils commettent ils défendent leur patrie et avec raison et courage mais pas des ce sont des héros pas des des criminels comme le M23 et les RDF du Rwanda
Perelman : alors pour tenter de retourner la situation en votre faveur vous avez aussi eu recours à des compagnies de sécurité occidentale une Française agemira une Roumaine Congo
protection on par
Félix Tshisekedi : sûr bien sûr c’est pour renforcer les capacités ce sont des experts attention ce sont des experts qui sont eux-mêmes soit qui ont eux-mêmes des carrière de de force spéciales de commando et cetera et dont la mission est de renforcer les capacités des force de défense sur en situation réelle, sur terrain.
Perelman : en se battant ?
Félix Tshisekedi : ah bien sûr
Perelman : mais il doivent combien
Félix Tshisekedi : ils doivent être à nos côtés donc il sont combien monsieur 900 par là?
Félix Tshisekedi : un bon millier peut-être.
Perelman : alors quand il y a des sociétés de sécurité étrangère ou que ce soit qui viennent qui se battent sont nombreuses
on appelle ça des mercenaires?
Félix Tshisekedi : quand quand tu vous appelez qu’est-ce que vous appelez se battre parce que quand je vous dis ils sont en situation réelle ils sont sur le terrain ils coach est-ce que un coach de de football il joue avec son équipe et pourtant il est sur le terrain il voit il voit ses joueurs Jouer il est il est là il est les joueurs sont là en train de jouer et lui il coach, ce sont des coachs voilà.
Perelman : pas des mercenaires ?
Félix Tshisekedi : mais non ce sont pas des mercenaires sont pas des mercenaires.
Babouvier : vous avez aussi remis en état de marche une flotte d’avion et d’hélicoptères d’avion de chasse et d’hélicoptère armé.
Félix Tshisekedi : bien sûr
Babouvier : vous attendez trois drones chinois est-ce que vous comptez sur ces nouveaux moyens ces renforts pour
Félix Tshisekedi : vous êtes bien renseigné!!
B : vous pour peut-être obtenir une victoire de prestige avant le le rendez-vous électoral du 20 décembre
Félix Tshisekedi : d’abord nous ne les attendons pas ils sont déjà là les drones ils sont là depuis quelques temps.
B : des drones d’attaque hein !!
Félix Tshisekedi : bien sûr mais qu’est-ce qu’il y a de de mal là.
B : est-ce que vous comptez sur ces nouveaux moyens pour avoir une une victoire militaire de prestige avant le 20 déc ?
Félix Tshisekedi : je crois que je vous ai dit ,non je ne joue pas avec ça moi je ne fais pas de politique politicienne pas du tout moi je défends les intérêts de mon pays et de mon peuple. et je les défends avant, pendant, ou après les élections je vous ai dit que pour Rutsuru pour le Masisi c’était mort pour les élections en ce moment je je je l’avale avec difficulté mais je l’avale mais cela ne va pas nous
nous pousser à baisser les bras donc l’urgence s’impose nos populations sont en en en dans des conditions inacceptables il faut les ramener chez
elles et donc même pendant le processus électoral les efforts pour les ramener vont continuer donc vous voyez que ce n’est pas lié du tout à un résultat quelconque qu’il faudrait avoir avant le 20 décembre.
Boisbouvier : monsieur le Président merci de nous avoir reçu à Kinshasa et merci à vous de nous suivre sur nos deux chaînes France 24 et Radio France Internationale.
Gedeon Kabangu