Beaucoup n’ont pas perçu le sens profond du zèle diplomatique des Émirats du Qatar à vouloir réconcilier Kagame avec Tshisekedi.
Ce rôle d’entregent n’est pas sans intérêt. Il y a quelques années en effet le Qatar a financé de 60% des capitaux dans le lancement de la compagnie aérienne Rwandair qui se veut en fait une filiale de Qatar Airways. Et il ne s’est pas arrêté là. Il a également décidé de financer la construction d’une usine de raffinage d’or à Kigali, quitte à se faire rembourser en nature via l’or pillé sur le territoire congolais.
La rupture de relations entre le Kigali et Kinshasa conjuguée au gel des accords économiques entre ces deux voisins met tout sens dessus dessous. Elle se révèle au final contre-productive soit pour Rwandair privé du vaste marché aéroportuaire congolais soit pour l’usine de raffinage d’or privée de matières premières.
Pour ceux qui ne l’ont pas encore compris, le Rwanda et la RDC sont entrés dans une guerre économique qui ne dit pas son nom mais dont les répercussions iront jusqu’à secouer les intérêts de tous les partenaires internationaux à qui le Rwanda a promis monts et merveilles à propos des minerais appartenant à un pays tiers.
Entre le Qatar, le Rwanda et la RDC se dessine donc un triangle de Bermudes, une zone à haute tension diplomatique et militaire où risquent de disparaître des économies dites faussement émergentes. Une zone de tous les risques dont l’avenir pourra nous réserver deux scénarios d’issue.
Le premier serait que la RDC soit en train de gagner la guerre contre le Rwanda non pas par la force des canons mais par une campagne agressive de sensibilisation de l’opinion publique et par l’asphyxie économique des canaux illicites et illégaux d’enrichissement rwandais. Kinshasa est en train d’étrangler le Rwanda en empêchant son porte-feuille de se gonfler.
Si la RDC réussit à rester ferme sur ses positions de refus de dialogue avec le Rwanda tant que ce dernier maintiendra ses forces militaires sur ke territoire congolais et que surtout il réussit à convaincre les partenaires internationaux de la non nécessité de passer par Kigali pour commercer les matières premières du Congo, alors l’on serait à un pas d’une nouvelle ère politique et sécuritaire dans la région des Grands Lacs.
Le second scénario est celui d’une guerre annoncée. Dans quel sens? Devant l’intransigence de Kinshasa, l’Economie Rwandaise qui est alimentée à 60% par les pillages des ressources minières au Congo, à 30% par des aides internationales et à 10% par l’agriculture principalement le café et le thé (dont une partie provenait aussi du Congo de manière clandestine) connaîtra inexorablement un déclin accéléré, entraînant par voie de conséquences l’affaiblissement interne du régime FPR de Kagame.
Devant l’échec tout récent de la rencontre de Doha, Kagame n’aura plus d’autre choix que de relancer la guerre pour sa propre survie politique et pour la santé économique de son pays qui a fonctionné deux décennies durant sur la rente d’une économie de guerre et de pillages.
C’est donc important que les congolais sachent où nous amènent les soubresauts de derniers événements politiques dans la sous-région et de se préparer en conséquence à défendre la patrie et sa souveraineté. La sagesse romaine s’impose ici avec force : “ si vis pacem, para bellum”, si tu veux la paix, prépare la guerre…
Par: Oscar baruti