Une diatribe de Pero LUWARA circule sur les réseaux sociaux. Sur un ton violent, ce journaliste diplômé de l’IFASIC en 2007, l’un des leaders d’opinion les plus en vue à Kinshasa, exprime son ras-le bol à l’égard du Président TSHISEKEDI. Pero LUWARA se revendique de la « presse d’opinion » : il exprime ses positions et les assume ! Notons cependant que, dans toutes les grandes démocraties, un journaliste digne de ce nom doit, quelle que sa position, baser ses commentaires et opinions sur des faits, vérifiables et vérifiés. Il doit également se montrer respectueux de la loi et des normes du savoir-vivre en société. Quel que soit le pays où il exerce, un journaliste qui se respecte doit éviter d’attaquer la vie privée des autres. Il doit étayer ses prises de position par des faits, en évitant les insultes, la calomnie, la diffamation…
La diatribe de Pero LUWARA pourrait lui coûter un procès pour imputations dommageables, diffamation, outrage au Chef de l’Etat, etc. Le traduire en justice serait sans doute justifié, mais ce serait donner à cet événement l’importance qu’il ne mérite pas. Par principe, je suis contre l’arrestation des journalistes pour des opinions exprimées dans l’exercice de leurs fonctions mais la dépénalisation des délits de presse ne se justifie que si la profession est capable de s’autoréguler, de dénoncer elle-même les dérapages, de les sanctionner professionnellement et, de manière générale, de faire respecter la déontologie journalistique.
Pero LUWARA doit se justifier devant ses pairs et subir, s’il est reconnu coupable, les sanctions les plus sévères. Le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel et de la Communication (CSAC) ainsi que le Comité d’éthique de l’Union Nationale de la Presse du Congo (UNPC) doivent jouer leur rôle : ils doivent s’autosaisir et sévir contre les dérapages. L’Amicale des Anciens de l’ISTI/IFASIC, quoique n’étant pas une structure de régulation, doit également jouer son rôle, en rappelant à l’ordre, quand le besoin se fait sentir, ses membres qui commettent des impairs et qui risquent ainsi de ternir l’image de la « famille communicationnelle ». Ils doivent jouer leur rôle de « gardiens du temple » pour que le journalisme reste, comme aimait le dire Pr MALEMBE TAMANDIAK, fondateur de l’IFASIC, un « métier noble » qui contribue à favoriser la cohésion nationale et à faire avancer le débat démocratique !
Propos de Mabiala Ma-Umba
Ancien Directeur de l’éducation et de la jeunesse à l’Organisation internationale de la Francophonie.
La rédaction