Face à un voisin qui ne nie pas visiblement les faits cruels régulièrement lui imputés, Kinshasa semble prendre les questions de sa souveraineté et celles de sa sécurité, avec beaucoup de légèreté.
La République du Rwanda est présente dans toutes les assises qui opposent le Congo-Kinshasa au M23, donc nul doute sur le fait que Kigali soit le garant direct du mouvement terroriste du 23 mars, très actif actuellement dans la province du Nord-Kivu.
Avec une puissance de feu consistante, le pays de mille collines avance dans une, à peine voilée contre la RDC, dans la logique de maintenir intacte son territoire national, mais surtout développer celui-ci au prix d’une instabilité originelle chez le voisin.
Le système de défense congolais, alors dépourvu de toute capacité de terreur, rend plus puissant, l’espoir de l’ennemi d’avancer avec multiples offensives.
La République Démocratique du Congo aura obtenu ce qu’elle qualifie de victoire diplomatique face au Rwanda, avec la reconnaissance de son soutien militaire aux forces négatives à l’œuvre sur le sol congolais, toutefois, le Congo démocratique aura perdu bien plus que ça face au même adversaire.
Près d’une trentaine des localités avec leurs ressources naturelles sont exploitées à ce jour par le Rwanda et son partenaire M23, après y avoir accompli bien des massacres des civils.
Le Président Tshisekedi continue à dénoncer les manœuvres de Paul Kagame, a escalader tous les processus de paix, convenus à Luanda tout comme à Nairobi.
La question reste de savoir si le président rwandais est dénoncé auprès de qui ?
Une réponse simple renvoie tout le monde directement à la communauté internationale, avec toutes les organisations qui la composent, sur le plan mondial, continental et régional.
Toutes ces juridictions qui en toute vraisemblance, ont des intérêts mesquins, connaissent très bien l’homme de Kigali et son jeu, sauf que leurs mesures de sanction contre le fautif n’ont aucun caractère contraignant.
Donc tout est très clair que la solution à une telle crise diplomatique RDC-RWANDA ne proviendra jamais de la communauté internationale.
La guerre est déjà bien déclarée à la RDC par le Rwanda, mais Kinshasa tergiverse en s’exposant tout de même au piège des négociations.
Si tel est le cas, pour les négociations, une seule partie ira à ces pourparlers en position de force, et ça ne sera sûrement pas la RDC, qui a déjà perdu la souveraineté sur certaines entités du Nord-Kivu. Kinshasa négociera aux conditions que va fixer Kigali à travers le M23, peu importe qui jouera la médiation.
Une chose est sûre : le Congo est déjà humilié par le Rwanda et ses faiblesses ont été étalées devant tout le monde, quand l’armée rwandaise a levé l’option de tirer sur l’avion de chasse congolais, alors qu’il survolait l’espace congolais, impuissant à une telle provocation, Kinshasa répond par un simple communiqué de condamnation.
En face d’un adversaire hypocrite comme le Rwanda, la RDC ne peut rien sans une puissance de frappe, et frapper Kigali là où ça faira le plus de mal serait l’idéal si le Congo démocratique veut sortir de la merde.
Par Jean-Jacques LUKULA