Cela fait deux mois que la localité de Bunagana et plusieurs villages du groupement de Jomba dans le territoire de Rutshuru, dans l’Est de la République démocratique du Congo, sont occupés par les rebelles du Mouvement du 23 mars (M23).
Deux mois de dures souffrances pour la population locale. 90% des habitants sont d’ailleurs partis, et vivent dans des camps de réfugiés en Ouganda ou des centres de recueillement dans la province du Nord-Kivu. Ceux qui sont restés ou y sont retournés vivent des jours difficiles.
Notons que, depuis juin, le gouverneur militaire a interdit la circulation au poste frontière de Bunagana, mettant à mal les activités commerciales.
Une petite poignée de familles seulement, une centaine, ont accepté de retourner dans la cité pour vivre en cohabitation avec les rebelles.
Le centre de la ville est occupé principalement par des combattants du M23 et leurs familles. Les ménages qui ont accepté de revenir sont tous concentrés dans trois quartiers : Kanyabihango, Karere et Kibaya. La peur est visible sur les visages. Les personnes rencontrées hésitent à témoigner, par peur de représailles.
« Nous vivons dans de mauvaises conditions. Celui qui vit ici doit avoir un cœur dur et être prêt à tout endurer. Ici, il y a des gens qui sont battus, et d’autres enfermés dans des prisons. Il y a une prison, à côté d’une église. Si vous essayez de passer à côté de celle-ci, vous pouvez entendre des gens pleurer. Même trouver de l’eau est très compliqué. Nous achetons un bidon pour 2.000 shillings », raconte Paul Nyiyetenga, revenu il y a un mois et qui finit par accepter de s’exprimer.
Par ailleurs, les groupes de défense des droits de l’homme accusent les rebelles du M23 d’être à l’origine de plusieurs cas de pillage de centres de santé, de maisons et de commerces, d’enlèvements et même de torture de civils dans les zones qu’ils contrôlent depuis novembre 2021. Les rebelles sont même accusés d’exploiter les ressources naturelles dans la région de façon illégale.
S. Tenplar Ngwadi