Dans le cadre de la célébration de ses dix années de carrière, la rédaction de 24 Critiques a approché l’artiste humoriste, Ronsia Kukiel. Par une interview exclusive accordée à 24critiques, l’artiste nous parle de son expérience vécue durant sa carrière d’humoriste par un jeu des questions-réponses.
Vous êtes l’une des figures emblématique de l’humour congolais, comment nos lecteurs devraient-ils vous découvrir?
« Déjà, je dirai que, je réponds au nom de Ronsia Kukiel : un humoriste, comédien de surcroît, musicien et producteur en même temps. Je suis passé, dans mon parcours, par plusieurs étapes, entre autre dans le festival TOSEKA, dans des cabarets de l’humour Africain qui, m’ont permis de m’affirmer sur la scène humoriste internationale. Mais pour l’instant, j’œuvre dans le milieu culturel du Pays ».
Pour ce que vous avez comme carrière, et exercez pour métier, en principe, c’est un talent qui est souvent déniché et remarqué par quelqu’un de son entourage ; et dans votre cas, qui a détecté cette richesse en premier ?
« La première personne qui m’a détecté, je dirais, c’est moi-même (rire!). Parce que, d’abord on se convainc de quelque chose qui est en soi, ce que vous ressentez, qui peut être une lumière, également un cerveau monteur de développement. La deuxième personne, c’est ma mère. Elle m’a encouragé en me disant : tu es bon pour l’humour, et si tu souhaites te lancer dans cela, je te soutiens ».
Dans la société congolaise, l’on estime que l’humour, c’est pour les ratés, comment vous aviez fait face à cette opinion publique ?
« Exacte ! Nous vivons dans une société où la réussite rime avec bureaucratie. Et je pense que la mentalité commence un tout petit peu à changer. Aujourd’hui quand on voit les comédiens se présenter en public, sur le plateau de télévision, ce n’est plus avec le même regard qu’on n’aperçoit les choses, car actuellement, il y a une appréhension assez différente de ce métier d’humoriste. Mais rassurez-vous, c’est dur au départ certes, car, il y a plusieurs questions en soi, telles que : une fois marié, et que, je devienne parent, que diriaient ma belle-famille ainsi que mes enfants ?»
Dix ans de carrière, êtes-vous satisfait de votre parcours ? Aussi parlez-nous de vos plus grandes déceptions dans ce parcours.
1. « En termes de satisfaction, je dirai, être satisfait à moitié, le travail que, j’avais commencé a porté ses fruits, mais lorsque nous avions commencé avec « LES COMÉDIES CLUBS », il n’ y en avait pas assez. Alors qu’aujourd’hui, nous trouvons plusieurs comédies clubs qui sont tenus par des jeunes comme moi. Et la plus part de ces jeunes sont passés par mon école, et c’est partout au pays, tout comme en province, ici à Kinshasa et ailleurs. Il y a un vent d’humoristes qui ne cesse d’accroître que ce soit sur web où sur scène, j’en suis très fort content. Je suis satisfait à 50%, car il y a encore beaucoup à faire pour parvenir à une satisfaction parfaite. L’idéal, c’est de laisser devraies empreintes ».
2. « Ma plus grande déception, c’est dans plusieurs dimensions : d’abord c’est le fait d’avoir accepté certaines collaborations, qui m’ont été très toxiques dans ce métier. Certaines collaborations ont failli ternir mon image et ma carrière… Dans mes déceptions, j’y rajouterait également ceci : j’évolue dans un pays où, il y a plusieurs acculturés. Nous sommes dans un environnement où l’art rime avec la Musique. C’est dur pour les personnes comme nous qui faisons de l’humour francophone pour percer. On sent qu’il y a un changement mais à petit feu. Nous voulons que ça change, dans le sens de faire comprendre à l’Etat congolais que les ambassadeurs de la culture, ne sont pas à trouver que dans la musique, mais aussi dans l’humour ».
Parlez-nous de votre plus grand succès ?
« je dirais le « Marrakech du rire », car grâce à cela, j’ai reçu beaucoup de choses que je ne pensais pas, ainsi que je ne pouvais recevoir qu’après plusieurs années, mais que, je les ai eus en une semaine seulement. La considération du public congolais, le respect, c’était magique. Le moment où le public m’a vu sur scène avec un Grand comme Jamel Debbouze, cela a tout changé, et a ouvert également des opportunités au point qu’aujourd’hui les choses tournent mieux ! »
La comédie et l’humour, d’où vous-sentez vous plus à l’aise ?
« Je me sens plus à l’aise dans l’humour, dans le ONE MAN SHOW, c’est un texte qui est écrit par soi même, dirigé par soi-même, avec une mise en scène de soi-même. Je dis ce que je penses. Il n’y a pas de quatrième mur, par contre dans le cinéma ou le théâtre en salle, on respecte la pensée d’une même personne de peur à dénaturer le texte ».
Le ONE MAN SHOW est très différent de télé dramatique qui, vous inspire de plus dans ce registre ?
«plus d’une seule personne m’ont inspirée dans ce registre. Il y en a plein et c’est progressif. Au départ. Je suivais Pie Tshibanda dans « Un fou noir au pays des blancs. » il me faisait beaucoup rire avec cette façon de combiner les contes à la comédie, et certaines situations qu’il a vécues au pays. Après, c’est Jamel Debbouze, Gad Elmaleh. Je m’inspire de tout le monde, même Fiston Saï-Saï, c’est l’un de mes modèles ».
Vous évoluez dans un pays qui, artistiquement, est dominé par la musique, est-ce que cela freine votre épanouissement ?
« Je ne dirai pas que cela freine notre épanouissement, mais ça ne nous permet pas souvent de bien nous afficher, mais ce qui freine réellement notre épanouissement c’est la politique culturelle du pays. Elle met généralement en lumière les acteurs culturels sans e comprendre grand chose. Les musiciens sont des artistes comme nous autres, qui ne font que de l’art pour exprimer un talent. Plusieurs mécènes préfèrent investir dans la musique que dans d’autres arts, ce qui dérange un peu notre métier .»
Quelles sont les difficultés pour les spectacles ?
« Plusieurs difficultés. Nous n’avons pas d’infrastructures; On n’a pas non plus des salles de spectacles. La salle Mongita, le théâtre du zoo sont devenus délabrées, les artistes comédiens sont obligés de trouver les espaces vides pour sa production, et c’est dur ».
Comment vous faites pour protéger vos œuvres ?
« Nous œuvres, on essaie de les écrire et le protéger par mail, lorsqu’il y a reproduction on peut dénoncer et poursuivre en justice. L’autre cas, c’est le mystère au sujet de la société de droit d’auteur! Comment ça se passe, on est ignorant de la protection des œuvres. Aussi la politique culturelle ne permet pas de connaître d’avantage les contours ».
L’ État vous accompagne-t-il?
« L’État nous accompagne! je sais qu’il y a toujours des fonds pour la culture, mais on ne les voient pas, je peux conclure que l’État ne nous accompagne pas comme dans d’autres pays par exemple : la côte d’ivoire, soit le Cameroun ».
Quels sont les projets pour vos dix années de carrière ?
« Pour le dix de notre carrière, nous avons une tournée, nous allons partir dans certains coins où, on nous a jamais vus jouer. Moi personnellement, y compris ma troupe. Nous comptons être present dans projet d’où, plusieurs productions et les comédies club vont naître et dans la ville de Lubumbashi avec RN concept, de Madame Rossy Ngalo, pour lequel, nous allons apporter notre expertise dans les séances de formations ».
Un mot à vos fans?
« Pour mes fans, je vais leur dire que je les aime beaucoup, et qu’lis m’envoient du crédit à mon numéro (Rire!!!) »
Deward Muamba, 24critiques