[Analyse de Samuel KABONGO KANYINDA, Porte-parole du Parti Congolais Socio-Démocrate]
Flambée des violences contre les étrangers en Afrique du Sud, relations désormais tendues avec plusieurs pays de la région.
Il s’est observé depuis quelques jours, une tension folle émaillée des violences et des tueries cruelles et criminelles en Afrique du Sud contre les ressortissants africains résidents là-bas dont principalement les nigérians.
Ces tensions ayant conduit à des scènes ne pouvant être vues par des âmes sensibles, ont fait le tour du monde et ont suscité dans certains peuples un instinct de phobie contre les communautés sud-africaines et les établissements commerciaux à capitaux sud-africains.
Pillages, casses, ont été exécutés par ceux qui ont jugé mieux rendre aux bourreaux de leurs compatriotes la monnaie de leur pièce.
Cette tension prenant des allures inquiétantes, se propage désormais un peu partout en Afrique en occasionnant des pillages et des casses contre les investissements sud-africains. Scènes observées en République Démocratique du Congo à Lubumbashi par exemple.
Les supermarchés, des restaurants et autres investissements (Mister Pince, Fastfood, Shoprite, Vodacom, …) n’ont pas été épargnés par des pillages systématiques d’articles et autres biens se trouvant dans leurs installations.
Le Consulat sud-africain de Lubumbashi a également été ciblé. Les manifestants ayant cassé la grue extérieure de la concession consulaire, ont pu descendre le drapeau avant que l’arrivée de la police provinciale sur le lieu.
A Kinshasa, un sit-in est prévu aujourd’hui devant l’Ambassade de l’Afrique du Sud pour protester contre ces actes de violence gratuite.
Entre temps, la Standard Bank est aussi ciblée par les étudiants venus manifester contre les installations sud-africaines en ville.
Dans la journée du jeudi 05 sept.-19, quelques manifestants non identifiés se sont illustrés par un jet des pierres et de cocktails Molotov devant l’Ambassade Sud-Africaine à Kinshasa, ce qui a précipité la fermeture anticipée et le renvoi du personnel non essentiel jusqu’à nouvel ordre.
Il est donc triste de constater que les anciennes victimes de l’apartheid sont devenues aujourd’hui les bourreaux de leurs frères africains.
Le Président sud-africain Cyril Ramaphosa a condamné la flambée de pillages et de violences dans les rues de son pays.
Le 04 sept. 2019, Cyril Ramaphosa a fermement condamné les pillages et les violences qui sévissent dans les rues sud-africaines.
D’un ton précis, « Rien ne peut justifier qu’un sud-africain s’en prenne à des gens d’autres pays, … Je veux que ça s’arrête immédiatement », déclare le Chef de l’Etat.
Il est donc inacceptable que les entreprises tenues par des étrangers ressortissants essentiellement des pays africains soient ciblées par les zulu.
Il ne s’agit pas « d’une attaque criminelle. C’est une attaque xénophobe », martèle Ramaphosa.
Un communiqué de l’Ambassade sud-africaine à Kinshasa.
Dans la journée du jeudi, l’Ambassadeur sud-africain en RDC a rendu un communiqué condamnant à la fois ces scènes de violence de ses compatriotes et rappelant tout de même que les autorités locales avaient déjà mis la main sur 98 personnes à la suite des violences à Ekurhuleni, Tshwane et Johannesburg, et 20 autres personnes liées aux vol et violences au KwaZulu-Natal.
Par le même communiqué, l’Ambassadeur rassure que la police sud-africaine poursuit son travail pour le rétablissement de l’ordre public dans les endroits touchés par ces violences.
Une sortie médiatique ratée du Ministre chargé des congolais de l’étranger, Emmanuel Ilunga.
Emmanuel Ilunga, Ministre congolais en charge de la diaspora congolaise a fait une sortie médiatique la plus moins diplomatique.
Il a par ses propos été dur et direct pour certifier qu’aucun congolais n’était touché par ces violences.
Il a en outre martelé que seule la communauté nigériane d’Afrique du Sud était concernée car elle se livre bien souvent à des pratiques criminelles (trafic des drogues), ce qui justifie, selon lui, les actes déplorés.
Le ton employé étant moins diplomatique, le ministre n’a exprimé aucune compassion pour les communautés touchées, suivant l’affirmation selon laquelle aucun congolais n’était victime.
Il sied de rappeler au Ministre qu’on ne fait la fête lorsque ça brule chez les voisins.
Dans un fonctionnement normal des institutions, une sanction serait demandée contre lui.
Le boycott du Forum Economique mondial par la RDC, l’Angola et le Rwanda et le Nigeria.
Il a été lancé depuis le 4 septembre le Forum Economique Mondial en Afrique du Sud au Cap, certains dirigeants africains ont carrément refusé d’effectuer le déplacement pour le pays de Nelson Mandela.
Félix Tshisekedi de la RDC, Paul Kagame du Rwanda, Joao Lourenço d’Angola et Muhammadu Buhari du Nigeria (qui devrait être représenté par son Vice-Président) ont décidé de ne pas faire le déplacement.
Les relations diplomatiques se réchauffent déjà avec beaucoup de pays africains.
Le Nigeria, premier touché, a envoyé une flotte aérienne de 4 avions pour rapatrier ses citoyens en péril et a donné un ultimatum de 7 jours aux diplomates sud-africains de quitter le pays. L’Ambassadeur nigérian d’Afrique du Sud déjà rappelé au pays.
L’Angola a par contre expulsé l’Ambassadeur sud-africain.
Et beaucoup d’autres pays semblent se préparer à un isolement diplomatique de l’Afrique du Sud.
Les dirigeants africains devraient, toutefois, faire l’effort de se mettre à la hauteur de la tâche afin que leurs actes publics ne soient pas une influence négative qui ferait s’aggraver la crise.
Par conséquent, la police sud-africaine devrait s’autoriser de toujours rendre publique l’évolution des enquêtes contre les responsables de ces actes afrophobes.
Ce qui permettrait de calmer les esprits de différents pays dont les ressortissants sont pris à partie.
Doit-on répondre à la violence par la violence ?
A notre avis, non.
Les actes barbares posés par quelques inciviques sud-africains ne peut pas être généralisés jusqu’au point de s’en prendre aux investissements qui offrent du travail à une bonne partie de la population.
Ce qui justifie que l’on ne puisse répondre au mal par le mal.
Nelson Mandela serait en larmes du fond de sa tombe. Disait-il, « Pour faire la paix avec un ennemi, on doit travailler avec cet ennemi, et cet ennemi devient votre associé ».
Répondre au mal par le mal, c’est justement ressembler à son oppresseur.
Il est plutôt bienvenu que tous les peuples convergent vers une sensibilisation devant conduire au rétablissement de la paix et la concorde entre frères africains.
Recueillis par Julie MUADI